Bilan 2001 des changements climatiques :
Mesures d'atténuation

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3.4 Synthèse du potentiel technologique et économique de l’atténuation des gaz à effet de serre

Les émissions mondiales de GES ont augmenté en moyenne de 1,4 pour cent par an entre 1990 et 1998. Dans bien des régions, les progrès techniques qui présentent de l’intérêt pour réduire les émissions de GES depuis le DRE ont été significatifs et plus rapides que prévu. Le potentiel total de réduction des émissions de GES à travers le monde résultant des progrès technologiques et de leur mise en œuvre se chiffre autour de 1900 MtC/an à 2600MtC/an d’ici 2010 et de 3600 MtC/an à 5050 MtC/an d’ici 2020. Les preuves sur lesquelles s’appuie cette conclusion sont nombreuses, mais elles présentent plusieurs limites. Aucune étude détaillée du potentiel technologique n’a encore été réalisée dans le monde, et les études régionales et nationales existantes ont généralement une portée variable et formulent différentes hypothèses au sujet des principaux paramètres. C’est pourquoi les estimations présentées au tableau TS 1 ne sont que des indications. Il n’en reste pas moins que la principale conclusion du paragraphe ci-dessus peut être tirée avec un niveau de confiance élevé.

Les coûts des options varient selon la technologie et affichent des différences régionales. Il se peut que la moitié des réductions possibles soient atteintes d’ici 2020 et accompagnées d’avantages directs (économies d’énergie) dépassant les coûts directs (coûts d’immobilisations, d’exploitation et d’entretien) et que l’autre moitié le soit à un coût direct net pouvant atteindre 100 $US/teqC (aux prix de 1998). Ces coûts estimatifs ont été calculés au moyen de taux d’actualisation de l’ordre de 5 pour cent à 12 pour cent, ce qui cadre avec les taux d’actualisation en vigueur dans le secteur public. Les taux de rendement interne privé varient considérablement, et sont souvent nettement supérieurs, ce qui a une incidence sur le taux d’adoption de ces technologies par les entités privées. D’après le scénario des émissions, cela pourrait permettre de réduire les émissions mondiales en deçà des niveaux de 2000 durant la période 2010-2020 selon ces coûts directs nets. La réalisation de ces réductions entraînera des coûts additionnels de mise en œuvre qui, dans certains cas, pourront être appréciables, en plus de nécessiter des politiques justificatives (comme celles qui sont décrites à la section 6), une hausse des activités de recherche et développement, un transfert de technologie efficace et l’élimination d’autres obstacles (voir section 5 pour d’autres précisions).

Il existe des centaines de technologies et de pratiques pour réduire les émissions de GES des secteurs du bâtiment, des transports et de l’industrie. Ces options de rendement énergétique sont responsables de plus de la moitié du potentiel total de réduction des émissions de ces secteurs. L’utilisation plus efficace des matériaux (notamment le recyclage) revêtira aussi de plus en plus d’importance à plus long terme. Le secteur de l’approvisionnement et de la conversion d’énergie restera dominé par des combustibles fossiles abondants et bon marché. Il existe néanmoins d’intéressantes possibilités de réduire les émissions grâce au passage du charbon au gaz naturel, à l’amélioration du rendement de conversion des centrales électriques, à la multiplication des usines de cogénération répartie dans l’industrie, les édifices commerciaux et les institutions et à la récupération et au piégeage du CO2. Le maintien en service des usines nucléaires (notamment la prolongation de leur cycle de vie) et l’utilisation de sources d’énergie renouvelables pourraient permettre d’éviter une hausse des émissions résultant de la combustion de combustibles fossiles. La biomasse tirée des produits dérivés et des déchets comme les gaz de décharges contrôlées représente une source d’énergie sans doute importante qui pourra être complétée par des cultures énergétiques là où les sols et l’eau s’y prêtent. L’énergie éolienne et l’hydroélectricité apporteront également leur contribution, plus que l’énergie solaire en raison de ses coûts relativement élevés. On a déjà réussi à réduire les émissions de N2O et de GES fluorés grâce à d’importants progrès technologiques. On a aussi amélioré les procédés, les méthodes de confinement et de récupération et l’on s’est mis à utiliser d’autres composés et technologies. D’autres réductions sont possibles, notamment dans les émissions résultant des procédés de production de mousses isolantes et de semi-conducteurs et des produits dérivés de l’aluminium et des HCFC-22. La possibilité d’améliorer l’efficacité énergétique de l’utilisation de gaz fluorés est d’une ampleur analogue aux réductions des émissions directes. Le piégeage du carbone par les sols, le contrôle du CH4 provenant de la fermentation entérique et le travail de conservation du sol sont autant de moyens d’atténuer les émissions de GES du secteur agricole.

Mais il faut des politiques bien ciblées pour réaliser ce potentiel. En outre, on s’attend à ce que les activités de recherche et développement en cours élargissent de manière significative la gamme de technologies qui offrent des possibilités de réduire les émissions. Pour réaliser le potentiel exposé au tableau TS 1, il faudra poursuivre ces activités de R&D et mettre en place des mesures de transfert de technologie. Le fait d’équilibrer les activités d’atténuation dans les divers secteurs avec d’autres objectifs, comme ceux qui ont un rapport avec le DED, est indispensable à leur efficacité.



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