Bilan 2001 des changements climatiques :
Mesures d'atténuation

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5 Obstacles, possibilités et potentiel de marché des technologies et des pratiques

5.1 Introduction

Le transfert de technologies et de pratiques qui offrent la possibilité de réduire les émissions de GES est souvent entravé par des obstacles12 qui ralentissent leur pénétration. La possibilité13 d’atténuer les concentrations de GES en supprimant ou en modifiant les obstacles ou en accélérant la propagation des technologies peut être perçue dans le contexte de différentes possibilités d’atténuation des GES (figure TS 7). Si l’on commence par le bas, on peut s’occuper des obstacles (souvent désignés comme échecs du marché) qui ont un rapport avec les marchés, les politiques publiques et d’autres institutions qui entravent la propagation des technologies qui sont (ou dont on prévoit qu’elles seront) rentables pour les utilisateurs sans faire allusion aux retombées qu’elles peuvent avoir sur les GES. L’amélioration de cette catégorie d’ “imperfections du marché et des institutions” augmentera les possibilités d’atténuation des GES au niveau appelé “potentiel économique”. Le potentiel économique désigne le niveau d’atténuation des GES réalisable advenant l’adoption de toutes les technologies rentables dans l’optique des consommateurs. Etant donné que le potentiel économique est évalué dans l’optique des consommateurs, il faut évaluer la rentabilité en utilisant les prix du marché et les taux privés d’actualisation à terme, tout en tenant compte des préférences des consommateurs au sujet de l’acceptabilité des caractéristiques de rendement des technologies.

Bien entendu, l’élimination de ces obstacles institutionnels et commerciaux n’entraînera pas la diffusion des technologies au niveau du “potentiel technique”. Les obstacles résiduels qui définissent l’écart entre le potentiel économique et le potentiel technique sont utilement répartis entre deux groupes séparés par un potentiel socio-économique. Le premier groupe comprend les obstacles résultant des préférences des gens et d’autres obstacles sociaux et culturels à la propagation des nouvelles technologies. Cela veut dire que, même si l’on arrive à éliminer les obstacles institutionnels et commerciaux, il se peut que certaines technologies d’atténuation des GES ne soient guère utilisées pour la simple raison que les gens ne les aiment pas, qu’ils sont trop pauvres pour se les offrir ou parce que les forces sociales et culturelles existantes militent contre leur acceptation. Si, en plus de surmonter les obstacles institutionnels et commerciaux, le deuxième groupe d’obstacles peut être surmonté, on parvient alors à ce que l’on désigne par l’expression de “potentiel socio-économique”. C’est ainsi que le potentiel socioéconomique représente le niveau d’atténuation des GES dont on peut s’approcher en surmontant les obstacles sociaux et culturels à l’utilisation des technologies rentables.

Enfin, même si on supprimait tous les obstacles commerciaux, institutionnels, sociaux et culturels, l’utilisation de certaines technologies risque de ne pas se généraliser pour la simple raison qu’elles coûtent trop cher. L’élimination de cette exigence nous amène donc au niveau du “potentiel technologique”, qui désigne le niveau maximum technologiquement réalisable d’atténuation des GES par la propagation d’une technologie.

La question se pose alors de savoir comment traiter les coûts environnementaux relatifs de différentes technologies dans ce contexte. Etant donné que l’objectif de l’exercice est en définitive de déterminer les possibilités de politiques visant à atténuer les changements climatiques planétaires, les possibilités technologiques sont définies sans égard à leurs incidences sur les GES. Les coûts et avantages qui se rattachent à d’autres impacts environnementaux font partie intégrante du calcul de la rentabilité des possibilités économiques sous-jacentes, uniquement dans la mesure où les règlements ou les politiques environnementaux en vigueur internalisent ces effets et les imposent par là même aux consommateurs. Il se peut que les effets plus profonds ne soient pas connus des consommateurs et qu’ils n’entrent pas par conséquent dans le calcul du potentiel économique, même s’ils sont incorporés dans le calcul de la rentabilité sociale. C’est ainsi que, dans la mesure où d’autres avantages environnementaux rendent certaines technologies socialement rentables, même si elles ne le sont pas dans l’optique des consommateurs, les retombées sur les GES de la propagation de ces technologies seront incorporées dans le potentiel socio-économique.



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