Bilan 2001 des changements climatiques :
Mesures d'atténuation

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3.3 Options technologiques sectorielles d’atténuation7 par secteur7

Figure TS 5 : Carbone se trouvant dans les réserves et les ressources en pétrole, en gaz et en charbon comparé aux émissions historiques de carbone des combustibles fossiles entre 1860 et 1998, et aux émissions cumulatives de carbone résultant d’un éventail de scénarios SRES et des scénarios de stabilisation du TRE jusqu’en 2100. Les données relatives aux réserves et aux ressources figurent dans les colonnes de gauche. Le pétrole et le gaz non classiques comprennent les sables bitumineux, les huiles de schiste, d’autres huiles lourdes, le méthane de la couche de houille, le gaz sous pression géostatique profond, le gaz qui se trouve dans les couches aquifères, etc. Les hydrates de gaz (clathrates) qui totalisent environ 12 000 GtC ne sont pas illustrés. Les colonnes des scénarios illustrent à la fois les scénarios de référence du SRES et les scénarios qui aboutissent à une stabilisation des concentrations de CO2 à différents niveaux. Signalons que si d’ici 2100, les émissions cumulatives se rattachant aux scénarios SRES sont égales ou inférieures à celles des scénarios de stabilisation, cela ne veut pas forcément dire que ces scénarios aboutissent eux aussi à une stabilisation.

On a estimé le potentiel8 de réduction des émissions des principaux GES dans chaque secteur pour une fourchette de coûts (tableau TS 1). Dans le secteur industriel, les coûts d’atténuation des émissions de carbone oscillent de négatifs (c’est-à-dire mesures sans regrets où des réductions sont possibles moyennant un bénéfice) à près de 300 $US/tC9. Dans le secteur du bâtiment, l’adoption agressive de technologies et de mesures à bon rendement énergétique pourrait aboutir en 2010 à une baisse des émissions de CO2 des édifices résidentiels se chiffrant à 325 MtC/an dans les pays développés et les PET moyennant des coûts oscillant entre –250 $US/tC et –150 $US/tC et à 125 MtC dans les pays en développement moyennant des coûts oscillant entre –250 $US/tC et 50 $US/tC. De même, les émissions de CO2 provenant des édifices commerciaux en 2010 pourront être réduites de 185 MtC dans les pays développés et les PET moyennant des coûts oscillant entre –400 $US/tC et –250 $US/tC évitée et de 80 MtC dans les pays en développement moyennant des coûts oscillant entre –400 $US/tC et 0 $US/tC. Dans le secteur des transports, les coûts oscillent entre –200 $US/tC et 300 $US/tC, tandis que dans le secteur agricole, les coûts varient entre –100 $US/tC et 300 $US/tC. La gestion des matériaux, notamment le recyclage et la récupération des gaz de décharges contrôlées peut également entraîner des économies moyennant des coûts négatifs à modérés inférieurs à 100 $US/tC. Dans le secteur des approvisionnements énergétiques, un certain nombre d’utilisations d’autres combustibles et de substitutions technologiques sont possibles à des coûts se situant entre –100 $US/tC et plus de 200 $US/tC. La réalisation de ce potentiel dépendra de la situation du marché qui elle-même subira l’influence des préférences de l’être humain et de la société et des interventions des gouvernements.

Le tableau TS 2 fournit un aperçu et établit des liens avec les obstacles et les impacts de l’atténuation. Les options d’atténuation dans chaque secteur sont analysées plus en détail ci-après.

3.3.1 Les principales options d’atténuation dans le secteur du bâtiment

Le secteur du bâtiment a été responsable de 31 pour cent des émissions mondiales de CO2 liées à la consommation d’énergie en 1995, et ces émissions ont progressé au rythme annuel de 1,8 pour cent depuis 1971. Les techniques de construction ont poursuivi leur trajectoire évolutive marquant des progrès additionnels au cours des cinq dernières années grâce au rendement énergétique des fenêtres, de l’éclairage, des appareils électroménagers, de l’isolation, des systèmes de chauffage, de réfrigération et de climatisation. Il faut également mentionner les progrès constants de la régie de la construction, de la conception de système à énergie solaire passive, de la conception intégrée des édifices et de l’utilisation de cellules photovoltaïques dans les édifices. Les émissions de fluorocarbones provenant des systèmes de réfrigération et de climatisation ont diminué à mesure que les chlorofluorocarbones (CFC) étaient progressivement éliminés, essentiellement grâce à l’amélioration des méthodes de confinement et de récupération des fluides frigorigènes contenant des fluorocarbones et, dans une moindre mesure, à l’utilisation d’hydrocarbures et d’autres fluides frigorigènes ne contenant aucun fluorocarbone. L’utilisation et les émissions de fluorocarbones dans les mousses isolantes ont régressé avec l’élimination progressive des CFC, et elles devraient encore baisser avec l’élimination des HCFC. Les activités de R&D ont permis d’améliorer le rendement des réfrigérateurs et des systèmes de climatisation et de chauffage. En dépit des progrès constants des technologies et de l’adoption de technologies perfectionnées dans de nombreux pays, la consommation d’énergie dans les édifices a augmenté plus rapidement que la demande totale d’énergie entre 1971 et 1995, la consommation dans les édifices commerciaux affichant le plus fort taux annuel de croissance en pourcentage (3,0 pour cent contre 2,2 pour cent dans les édifices résidentiels). Cela est essentiellement dû à la demande accrue de confort de la part des consommateurs (qui utilisent plus d’appareils électroménagers, qui veulent des logements plus vastes, sans oublier la modernisation et l’expansion du secteur commercial) à mesure que les économies se développent. Il existe actuellement d’intéressantes possibilités technologiques et rentables de ralentir cette tendance. Le potentiel technique global d’une réduction des émissions de CO2 liées à la consommation d’énergie dans le secteur du bâtiment, au moyen des technologies existantes, associé aux progrès techniques futurs se chiffre à 715 MtC/an en 2010 pour un scénario de base où les émissions de carbone sont de 2600 MtC/an (27 pour cent), à 950 MtC/an en 2020 pour un scénario de base où les émissions de carbone sont de 3000 MtC/an (31 pour cent), et à 2025 MtC/an en 2050 pour un scénario de base où les émissions de carbone sont de 3 900 MtC/an (52 pour cent). La multiplication des activités de R-D garantira la constance des progrès technologiques dans ce secteur.










Tableau TS 1 : Estimations des réductions d’émissions de gaz à effet de serre et coût par tonne d’équivalent carbone évitée attribuables à l’adoption socio-économique prévue d’ici 2010 et 2020 de technologies de rendement et d’approvisionnement énergétiques choisies soit mondialement, soit par région, et moyennant des degrés variables d’incertitude.
   
US$/ tC évitées
2010
2020

Références, commentairess, et section pertinente dans Chapitre 3 de ce Rapport

  Région
–400
–200
0
+200
Potentiela
Probabilityb
Probabilitéa
Probabilitéb
Edifices / Electroménager              
Secteur résidentiel OCDE/PET Acosta Moreno et al., 1996;
Brown et al., 1998
Coût dév..31   Wang and Smith, 1999
Secteur commercial OCDE/PET  
Coût dév.  
               
Transport            
Amélioration du rendement des véhicules USA Interlab. Working Group, 1997
Brown et al., 1998
Europe US DOE/EIA, 1998 CEMT, 1997 (8 pays seulement)
Japon Kashiwagi et al., 1999
Denis and Koopman, 1998
  Coût dév. Worrell et al., 1997b
               
Fabrication              
Absorption CO2 – engrais; raffineries Mondial Tableau 3.21
Amélioration du rendement des matériaux Mondial Tableau 3.21
Ciments mélangés Mondial Tableau 3.21
Réduction N2O par indus. chim. Mondial Tableau 3.21
Réduction PFC par indus Al . Mondial Tableau 3.21
Réduction HFC-23 par indus.. chim. Mondial Tableau 3.21
Amélioration du rendement énergétique Mondial Tableau 3.19
               
Agriculture            
Fixation accrue grâce par travail de conservation des sols et gestion des terres cultivées Coût dév. Zhou, 1998; Tableau 3.27
Dick et al ., 1998
Mondial GIEC, 2000
Piégeage du carbone dans le sol Mondial Lal and Bruce, 1999
Tableau 3.27
gestion des engrais azotés OCDE Kroeze & Mosier, 1999
Table 3.27
Mondial OCDE, 1999; GIEC, 2000
Réduction du méthane d’origine entérique OCDE Kroeze & Mosier, 1999
Tableau 3.27
USA OCDE, 1998 Reimer & Freund, 1999 Chipato, 1999
Dev. cos. Chipato, 1999
Irrigation des rizières et engrais Mondial Riemer & Freund, 1999 GIEC, 2000
               
Déchets              
Captage du méthane de OECD décharges contrôlées OCDE Landfill methane USEPA, 1999
               
Fourniture d’énergie              
Nucléaire pour charbon Mondial   Totauxc – Voir Section 3.8.6
Annexe I Tableau 3.35a
Non Annexe I Tableau 3.35b
Nucléaire pour gaz Annexe I Tableau 3.35c
Non Annexe I Tableau 3.35d
Gaz pour charbon Annexe I Tableau 3.35a
Non Annexe I Tableau 3.35b
Captage de CO2 depuis charbon Mondial Tableaux 3.35a + b
Captage de CO2 depuis gaz Mondial Tableaux 3.35c + d
Biomasse pour charbon Mondial Tableaux 3.35a + b
Moore, 1998; Interlab w. gp. 1997
Biomasse pour gaz Mondial Tableaux 3.35c + d
Ener. éol. pour charbon ou gaz Mondial Tables 3.35a - d
BTM Cons 1999; Greenpeace, 1999
Charbon avec 10% de biomasse USA Sulilatu, 1998
Ener. sol. pour charbon Annexe I Tableau 3.35a
Non Annexe I Tableau 3.35b
Hydroélec. pour charbon Mondial Tableaux 3.35a + b
Hydroélec. pour gaz Mondial Tableaux 3.35c + d

Notes:
a. Potentiel en tonnes d’équivalent carbone évitées pour la plage de coûts indiquée en US$/tC.
= <20 MtC/ an     = 20- 50 MtC/ an     = 50- 100MtC/ an     = 100- 200MtC/ an     = >200 MtC/ an

b. Probabilité d’atteindre ce niveau de potentiel reposant sur les coûts figurant dans la documentation
= Fort peu probable     = Peu probable     = Possible      = Probable      = Très probable

c. Les options d’atténuation totale de l’approvisionnement énergétique présuppose que la totalité du potentiel ne sera pas réalisée pour diverses raisons, notamment la concurrence entre les technologies prises individuellement qui figurent en dessous des totaux.



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