Bilan 2001 des changements climatiques :
Conséquences, adaptation et vulnérabilité

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5. Analyses régionales

La vulnérabilité des populations humaines et des systèmes naturels face aux changements climatiques varie beaucoup d’une région et d’une population à l’autre. Les variations régionales du climat de référence et des changements climatiques prévus donnent lieu à diverses expositions aux facteurs climatiques. Les systèmes sociaux et naturels de chaque région possèdent des caractéristiques, des ressources et des institutions variées et sont soumis à des pressions qui créent des écarts dans la sensibilité et la capacité d’adaptation. Des préoccupations clés découlent de ces différences pour chaque grande région du monde. Même à l’intérieur des régions, l’incidence, l’adaptatibilité et la vulnérabilité pourront fluctuer. Comme les études publiées n’ont pas utilisé un ensemble commun de scénarios et de méthodes climatiques, et vu les incertitudes concernant la sensibilité et l’adaptabilité des systèmes naturels et sociaux, l’évaluation des vulnérabilités régionales est nécessairement qualitative.

5.1. Afrique


Figure TS 6 : Sélection d’effets clés en Afrique.

L’Afrique est très vulnérable aux changements climatiques. Elle est surtout préoccupée par l’incidence liée aux ressources en eau, à la production alimentaire, à la santé humaine, à la désertification et aux zones côtières, particulièrement en rapport avec les événements extrêmes. Une synergie changement d’affectation des terres-évolution du climat accentuera la désertification. Certains effets déterminants apparaissent à la figure TS-6.

5.1.1 Ressources en eau

Les ressources en eau sont un domaine de grande vulnérabilité en Afrique, qui touche l’approvisionnement pour les besoins domestiques, l’agriculture et l’industrie. Dans les bassins hydrographiques partagés, les protocoles de coopération régionale minimisent les effets néfastes et le potentiel de conflit. Les tendances de la disponibilité régionale des ressources en eau par Africain au cours des cinquante dernières années montrent que celle-ci a diminué de 75 pour cent. Bien qu’il y ait eu des réductions de débits fluviaux dans les deux dernières décennies, particulièrement en Afrique de l’Ouest subsaharienne, on observe essentiellement l’incidence de l’accroissement de la population, qui a quadruplé pendant cette période dans la plupart des pays. La croissance démographique et la dégradation de la qualité de l’eau représentent des menaces importantes pour la sécurité des ressources hydriques dans de nombreuses parties du continent, et la combinaison de l’accroissement permanent de la population et des effets du réchauffement de la planète devrait probablement accentuer les pénuries d’eau dans les régions subhumides.

L’Afrique est le continent qui a le plus faible facteur de conversion des précipitations en écoulement, soit une moyenne de 15 pour cent. Bien que la zone équatoriale et les régions côtières de l’est et du sud soient humides, le reste du territoire est semi-aride ou aride. L’effet dominant du réchauffement de la planète consistera en une réduction de l’humidité du sol dans les zones subhumides et en une diminution de l’écoulement. Les tendances actuelles des principaux bassins hydrographiques indiquent une baisse de l’écoulement d’environ 17 pour cent au cours de la dernière décennie.

La majorité des pays africains ont investi massivement dans des installations hydroélectriques, afin de soutenir le développement économique. La retenue d’eau dans les réservoirs est très sensible aux variations de l’écoulement et aux périodes de sécheresse. Le niveau d’eau dans les lacs et les principaux barrages a atteint un seuil critique, qui menace les activités industrielles. Les résultats obtenus avec les modèles et certains réservoirs et lacs indiquent que le réchauffement mondial augmentera la fréquence de ces bas niveaux en raison des conditions de crue ou de sécheresse associées au phénomène ENSO. [ 10.2.1]

5.1.2 Sécurité alimentaire

Il y a un consensus général sur le fait que les changements climatiques menaceront la sécurité alimentaire, surtout en raison de l’augmentation des phénomènes extrêmes et des décalages spatio-temporels. Le continent connaît déjà un déficit majeur de la production alimentaire dans de nombreuses régions et la baisse potentielle de l’humidité du sol constituera une pression supplémentaire. Les pays qui manquent de nourriture sont plus vulnérables aux effets néfastes des changements climatiques. La pêche dans les eaux intérieures et en mer procure une part importante des protéines consommées dans de nombreux pays africains. En raison du stress hydrique et de la dégradation des terres, la pêche intérieure sera plus sensible aux sécheresses épisodiques et à la destruction des habitats. Le réchauffement de l’océan aura sans doute de l’incidence sur la pêche côtière. [ 10.2.2]

5.1.3 Gestion des ressources naturelles et diversité biologique

Des réductions irréversibles de la diversité biologique pourraient être accélérées par les changements climatiques. On s’attend à ce que les changements climatiques entraînent des déplacements importants de biomes riches en diversité biologique, notamment celui de Succulent Karoo en Afrique du Sud, et de nombreuses pertes d’espèces dans d’autres biomes. Les changements dans la fréquence, l’intensité et l’ampleur des incendies de végétation et les modifications d’habitat imputables aux changements d’affectation des terres pourraient enrayer les processus naturels d’adaptation et provoquer des extinctions. Les modifications des écosystèmes affecteront l’approvisionnement en eau, le secteur du bois de chauffage et d’autres services. [ 10.2.3.2]



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