Bilan 2001 des changements climatiques :
Conséquences, adaptation et vulnérabilité

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3.5 Scénarios du XXIe siècle

Le GIEC a publié en 2000 un Rapport spécial sur les scénarios d’émissions afin de remplacer la série des six scénarios IS92 élaborée pour le GIEC en 1992. Ces nouveaux outils examinent la période 1990 à 2100 et renferment une série d’hypothèses socioéconomiques (population mondiale, produit intérieur brut, etc.). On a aussi calculé les conséquences pour d’autres aspects des changements mondiaux; dont certaines sont résumées, pour 2050 et 2100, dans le tableau TS 1. Par exemple, les concentrations moyennes d’ozone troposphérique en juillet au-dessus des continents industrialisés de l’hémisphère Nord devraient passer de 40 ppb en 2000 à plus de 70 ppb en 2100, selon les scénarios SRES d’illustration les plus élevés, alors que la norme d’air pur à été fixée sous 80 ppb. Les pics d’ozone constatés lors d’événements locaux de smog pourraient être nettement plus élevés. Les concentrations de CO2 sont estimées entre 478 ppm et 1099 ppm d’ici 2100, compte tenu de la gamme des émissions SRES et les incertitudes touchant le cycle du carbone (tableau TS 1). Une telle amplitude du forçage radiatif devrait produire un réchauffement mondial de 1,4 °C à 5,8 °C de 1990 à 2100, selon la sensibilité du climat. Cette hausse des températures est supérieure aux valeurs indiquées dans le SAR (0,7 °C à 3,5 °C), en raison des niveaux plus élevés de forçage radiatif dans les scénarios SRES que dans les scénarios IS92a-f, surtout à cause des émissions moindres d’aérosols sulfatés, particulièrement après 2050. L’ampleur correspondante de l’élévation du niveau de la mer dans le monde (pour un tel réchauffement mondial allié à une gamme de sensibilités de la fonte des glaces) est estimée entre 9 et 88 cm en 2100 (contre 15 à 95 cm dans le SAR). [3.2.4.1, 3.4.4, 3.8.1, 3.8.2]

Tableau TS 1 : Conséquences des scénarios SRES sur la composition de l’atmosphère, le climat et le niveau de la mer. Les valeurs de la population, du PIB et du coefficient de revenu par habitant (mesure de l’équité régionale) sont celles appliquées dans les modèles d’évaluation intégrée servant à estimer les émissions (selon les .tableaux 3-2 et 3-9).
Date
Population mondiale (milliards)a
PIB mondial (1012 $US/an)b
Coefficient de revenu par habitantc
Concentration d’ozone troposphérique (ppm)d
Concentration de CO2 (ppm)e
Hausse mondiale des températures (°C)f
Elévation mondiale du niveau (cm)g
1990
5.3
21
16.1
354
0
0
2000
6.1-6.2
25-28
12.3-14.2
40
367
0.2
2
2050
8.4-11.3
59-187
2.4-8.2
~60
463-623
0.8-2.6
5-32
2100
7.0-15.1
197-550
1.4-6.3
>70
478-1099
1.4-5.8
9-88
a. Les valeurs de 2000 montrent la gamme obtenue avec les six scénarios d’émissions SRES; les valeurs de 2050 et 2100 montrent la gamme obtenue avec les 40 scénarios SRES.
b. Voir la note a; produit intérieur brut en billions de dollars des Etats-Unis de 1990 par an.
c. Voir la note a; pays développés et économies en transition (Annexe I) par rapport aux pays en développement (non-Annexe I).
d. Estimations des modèles pour les continents industrialisés de l’hémisphère Nord, en supposant que les émissions en 2000, 2060 et 2100 tirées des scénarios SRES d’illustration A1F et A2 se situent à l’extrêmité supérieure de la gamme SRES (chapitre 4, GTI TAR).
e. Valeur de 1999 observée (chapitre 3, GTI TAR); valeurs de 1990, 2050 et 2100 tirées de passages de modèles simples avec la gamme des 35 scénarios SRES entièrement quantifiés, en tenant compte des incertitudes liées aux rétroactions du cycle du carbone selon la sensibilité du climat (données de S.C.B. Raper, chapitre 9, GTI TAR). A noter que les amplitudes de 2050 et de 2100 diffèrent de celles présentées par le GTI du TAR (Annexe II), qui reposaient sur les six scénarios SRES d’illustration, à partir de simulations avec deux modèles différents du cycle du carbone.
f. Changement de la température annuelle moyenne du globe par rapport à 1990, moyenne des passages de modèles climatiques simples à partir des résultats de sept MCGAO, avec une sensibilité climatique moyenne de 2,8 °C sur la gamme des 35 scénarios SRES entièrement quantifiés (chapitre 9, GTI TAR).
g. Sur la base du changement de la température moyenne du globe mais en tenant également compte des incertitudes dans les paramètres des modèles en ce qui a trait à la glace terrestre, au pergélisol et aux dépôts de sédiments (chapitre 11, GTI TAR).

En ce qui concerne les changements moyens du climat régional, on a utilisé les résultats des MCG en supposant que les nouveaux scénarios d’émissions SRES présentent de nombreuses similitudes avec les passages précédents. Dans sa contribution au TAR, le GTI conclut que les taux de réchauffement devraient être supérieurs à la moyenne mondiale sur la plupart des terres émergées et qu’ils seront plus prononcés aux hautes latitudes en hiver. La couverture neigeuse et l’étendue des glaces de mer diminueront dans l’hémisphère Nord. Les modèles indiquent un réchauffement inférieur à la moyenne mondiale dans l’Atlantique Nord et dans les régions circumpolaires de l’océan austral, ainsi que dans le sud et le sud-est de l’Asie et le sud de l’Amérique du Sud en juin-août. On notera à l’échelle du globe une augmentation de la vapeur d’eau et des précipitations moyennes. En décembre-février, les précipitations devraient augmenter dans les régions extratropicales de l’hémisphère Nord, en Antarctique et en Afrique tropicale. Selon les modèles, elles devraient diminuer en Amérique centrale et peu changer en Asie du Sud-Est. De juin à août, les précipitations devraient être plus élevées aux hautes latitudes de l’hémisphère Nord, en Antarctique et dans le sud de l’Asie; on attend peu de changement en Asie du Sud-Est et une baisse en Amérique centrale, en Australie, en Afrique australe et dans la région méditerranéenne.

On peut aussi s’attendre à des changements dans la fréquence et l’intensité des phénomènes climatiques extrêmes. Selon les conclusions du rapport présenté par le GTI et compte tenu de l’échelle de probabilité employée, il est fort probable que les températures diurnes maximales et minimales augmenteront et seront accompagnées d’une plus grande fréquence de journées chaudes, pour un forçage par les GES jusqu’en 2100. Il est également fort probable que les vagues de chaleur seront plus nombreuses et que le nombre de vagues de froid et de jours de givre (dans les régions concernées) déclineront. On peut s’attendre à une augmentation des épisodes de précipitations intenses à de nombreux endroits. La variabilité des précipitations de mousson d’été en Asie s’accentuera probablement. La fréquence des sécheresses estivales augmentera à l’intérieur de nombreux continents; les sécheresses et les inondations associées au phénomène El Niño devraient s’intensifier. Les pointes de vent et les moyennes et pointes de précipitations qui accompagnent les cyclones tropicaux s’intensifieront probablement. Il est impossible, avec les modèles climatiques actuels, de préciser dans quel sens évoluera l’intensité moyenne des tempêtes aux latitudes moyennes. [Tableau 3-10]



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