Bilan 2001 des changements climatiques :
Mesures d'atténuation

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4.3 Options d’atténuation

Dans les régions tropicales, il existe de nombreuses possibilités d’atténuation du carbone, même si celles-ci ne peuvent être considérées indépendamment des politiques plus générales qui concernent la foresterie, l’agriculture et d’autres secteurs. De plus, les options varient selon la situation sociale et économique : dans certaines régions, le ralentissement ou la cessation des activités de déboisement représentent la principale possibilité d’atténuation; dans d’autres, là où les rythmes de déboisement ont baissé pour atteindre des niveaux marginaux, l’amélioration des pratiques d’aménagement naturel des forêts, le boisement et le reboisement des forêts et des friches dégradées sont les possibilités les plus intéressantes. Toutefois, le potentiel actuel d’atténuation11 est souvent faible et il n’y a pas toujours suffisamment de ressources terrestres et hydriques.

Les pays non tropicaux ne manquent pas eux non plus de possibilités de préserver les bassins de carbone existants, de les renforcer ou d’utiliser la biomasse pour contrebalancer l’utilisation des combustibles fossiles. Comme exemples de stratégies, mentionnons la lutte contre les incendies ou la lutte phytosanitaire, la conservation des forêts, l’établissement de peuplements à croissance rapide, la modification des pratiques sylvicoles, la plantation d’arbres dans les zones urbaines, l’amélioration des méthodes de gestion des déchets, l’aménagement des terres agricoles en vue de stocker une plus grande quantité de carbone dans les sols, l’amélioration de l’aménagement des pâturages et la replantation de graminées ou d’arbres sur les terres cultivées.

Les produits ligneux et autres produits biologiques jouent plusieurs rôles importants dans l’atténuation du carbone : ils tiennent lieu de réservoir du carbone; ils peuvent remplacer les matériaux de construction qui nécessitent une plus grande consommation de combustibles fossiles; et ils peuvent être brûlés à la place des combustibles fossiles comme sources d’énergie renouvelables. Les produits ligneux contribuent déjà quelque peu à l’atténuation des changements climatiques, mais, si l’on établit les infrastructures et les incitations qu’il faut, il se peut alors que les produits ligneux et agricoles deviennent un élément vital de l’économie durable : ce sont parmi les rares ressources renouvelables disponibles à grande échelle.

4.4 Critères relatifs aux options d’atténuation du carbone biologique

Pour élaborer des stratégies qui contribuent à atténuer le CO2 dans l’atmosphère et à atteindre d’autres objectifs d’égale importance, il faut tenir compte des critères suivants :

Il se peut que les activités entreprises pour d’autres raisons renforcent le potentiel d’atténuation. Comme exemple manifeste, il faut citer la diminution des rythmes de déboisement dans les pays tropicaux. De plus, étant donné que les pays riches ont généralement un domaine forestier stable, on peut affirmer que le développement économique dépend d’activités qui contribuent à remplir les réservoirs de carbone forestier.

4.5 Coûts économiques

La plupart des études portent à croire que les coûts économiques de certaines options d’atténuation du carbone biologique, en particulier les options forestières, sont plutôt modérés selon tout un éventail. Les coûts estimatifs des options d’atténuation biologique signalés à ce jour varient de 0,1 $US/tC à environ 20 $US/tC dans plusieurs pays tropicaux et de 20 $US/tC à 100 $US/tC dans les pays non tropicaux. En outre, le calcul des coûts ne tient pas compte dans bien des cas des coûts des infrastructures, des taux d’actualisation, de la surveillance appropriée, de la collecte et de l’interprétation des données, ainsi que des coûts de substitution des terres et d’entretien, ou d’autres coûts récurrents, qui sont souvent exclus ou carrément omis. Les minima des plages dévient vers le bas, même si la compréhension et le traitement des coûts s’améliorent avec le temps. En outre, dans bien des cas, les activités d’atténuation biologique peuvent avoir d’autres effets positifs, notamment la protection des forêts tropicales ou la création de nouvelles forêts qui ont des effets positifs sur l’environnement extérieur. Toutefois, les coûts augmentent à mesure qu’un plus grand nombre d’options d’atténuation biologique sont exercées et que les coûts de substitution des terres augmentent. Les coûts d’atténuation biologique semblent être particulièrement bas dans les pays en développement et atteindre leur maximum dans les pays développés. Si les activités d’atténuation biologique sont modérées, il y a de fortes chances pour que les transferts d’émissions soient peu importantes. Toutefois, ces transferts risquent d’augmenter si les activités d’atténuation biologique se généralisent.

4.6 Ecosystèmes marins et géo-ingénierie

Les écosystèmes marins offrent sans doute aussi des possibilités d’absorber du CO2 de l’atmosphère. Les stocks actuels de carbone dans la biosphère marine sont infimes, et les efforts pourraient non pas viser à accroître les stocks de carbone biologique, mais plutôt à utiliser des procédés biosphériques pour absorber du carbone de l’atmosphère et le transporter vers le fond de l’océan. Quelques expériences préliminaires ont eu lieu, mais il reste des questions fondamentales à résoudre sur la permanence et la stabilité des absorptions du carbone et sur les conséquences non intentionnelles des manipulations à grande échelle nécessaires pour que cela ait un effet significatif sur l’atmosphère. En outre, on n’a pas encore calculé le coût économique de ces méthodes.

La géo-ingénierie désigne les efforts visant à stabiliser le système climatique en gérant directement le bilan énergétique de la Terre, permettant ainsi de surmonter l’effet de serre accru. Même s’il semble possible de manipuler le bilan énergétique terrestre, les connaissances que l’être humain possède du système sont encore rudimentaires. Les risques de conséquences imprévues sont grands, et il se peut qu’il soit même impossible de manipuler la distribution régionale de la température, des précipitations, etc. La géo-ingénierie soulève des questions scientifiques et techniques de même que quantité de questions éthiques, juridiques et d’équité. Et pourtant, quelques recherches fondamentales paraissent de mise.

Dans la pratique, d’ici 2010, l’utilisation des terres, le changement d’utilisation des terres et la foresterie risquent d’aboutir à une importante atténuation des émissions de CO2. Bon nombre de ces activités sont compatibles avec d’autres objectifs de l’aménagement des terres ou leur sont complémentaires. Les effets globaux d’une altération des écosystèmes marins pour qu’ils agissent à la manière de puits du carbone ou d’une utilisation des techniques de la géo-ingénierie pour atténuer les changements climatiques demeurent des inconnues et ne se prêtent donc pas à une application à court terme.



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