Bilan 2001 des changements climatiques :
Les éléments scientifiques

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F.6 Projections pour l’évolution future de la circulation thermohaline

La plupart des modèles mettent en évidence un affaiblissement de la circulation thermohaline dans l’hémisphère Nord, qui contribue à réduire le réchauffement en surface dans la partie septentrionale de l’Atlantique Nord. Même dans les modèles où la circulation thermohaline diminue d’intensité, le réchauffement se poursuit en Europe par suite de l’accroissement des gaz à effet de serre. Dans les expériences où la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère se stabilise à deux fois son niveau actuel, on prévoit que, dans l’Atlantique Nord, la circulation thermohaline se rétablira en l’espace d’un à plusieurs siècles. La circulation thermohaline pourrait cependant disparaître complètement dans l’un ou l’autre des hémisphères pour peu que le taux de variation du forçage radiatif soit assez élevé pendant une période suffisamment longue. Les modèles indiquent qu’en s’atténuant, la circulation thermohaline devient plus sensible aux perturbations et que cette instabilité peut contribuer à rendre sa disparition plus probable. Cependant, il est encore trop tôt pour affirmer avec certitude que la disparition irréversible de la circulation thermohaline est probable ou non ou pour préciser à quel seuil elle pourrait se produire et quelles en pourraient être les conséquences pour le climat. Pour l’heure, aucune des projections obtenues à l’aide de modèles couplés ne fait état d’une disparition totale de la circulation thermohaline d’ici à 2100. Si la circulation thermohaline dans l’Atlantique Nord s’affaiblit dans la plupart des modèles, les rôles relatifs de la chaleur en surface et des flux d’eau douce varient d’un modèle à l’autre. Les variations de la tension du vent ne semblent jouer qu’un rôle mineur dans la réaction transitoire.

F.7 Projections pour l’évolution future des modes de
variabilité naturelle

Nombre de modèles présentent une réponse moyenne de type El Niño dans la zone tropicale du Pacifique, avec une élévation projetée de la température de la mer en surface plus marquée dans la partie centrale et orientale du Pacifique équatorial que dans sa partie occidentale et un déplacement moyen concomitant des précipitations vers l’est. Bien que de nombreux modèles indiquent une évolution de type El Niño des températures moyennes de la mer en surface dans la zone tropicale du Pacifique, la cause en est incertaine. Cette évolution a été reliée à des variations du forçage radiatif dû aux nuages et/ou à l’amortissement évaporatif du gradient est-ouest de la température de la mer en surface dans certains modèles. La confiance dans les projections pour l’évolution future de la fréquence, de l’amplitude et de la configuration spatiale des épisodes El Niño dans la bande tropicale du Pacifique est tempérée par certaines imperfections des simulations de ce phénomène dans les modèles complexes. Les projections actuelles indiquent peu de changement ou une légère augmentation d’amplitude des épisodes El Niño au cours des 100 prochaines années. Toutefois, même si ce phénomène ne varie guère en amplitude, le réchauffement de la planète risque de déboucher sur une accentuation des phénomènes extrêmes d’assèchement et de fortes précipitations et sur un accroissement des risques de sécheresse et d’inondation qui vont de pair avec El Niño dans de nombreuses régions. Il est également probable que le réchauffement lié à un accroissement des concentrations de gaz à effet de serre entraînera une variabilité accrue des précipitations résultant de la mousson d’été en Asie. Les variations de la durée moyenne et de l’intensité de la mousson dépendent des données retenues dans les scénarios d’émissions. La confiance en de telles projections est limitée par la fiabilité parfois aléatoire des simulations par les modèles climatiques de l’évolution saisonnière détaillée des moussons. De plus, les avis sont partagés quant aux changements de fréquence ou de structure des modes de variabilité naturels tels que l’oscillation nord-atlantique; autrement dit, l’ampleur et le caractère des changements diffèrent selon les modèles.

F.8 Projections pour l’évolution future des glaces terrestres (glaciers, calottes glaciaires et nappes glaciaires), des glaces de mer et de la couverture neigeuse

Le recul général des glaciers et des calottes glaciaires se poursuivra au XXIe siècle, et l’on prévoit que, dans l’hémisphère Nord, la couverture neigeuse ainsi que les glaces de mer continueront de diminuer. Des méthodes ont été mises au point récemment pour estimer la fonte des glaciers sur la base de configurations saisonnières et géographiques des variations de la température de l’air en surface obtenues à partir d’expériences de simulation MCGAO. Il ressort d’études de modélisation que, en moyenne et à l’échelle du globe, l’évolution de la masse glaciaire est davantage fonction des variations de la température que des variations des précipitations. La nappe glaciaire de l’Antarctique devrait augmenter de masse par suite de l’accroissement des précipitations, tandis que celle du Groenland devrait perdre de sa masse, l’accroissement des précipitations ne suffisant pas en ce cas à compenser l’augmentation du ruissellement. La nappe glaciaire de l’ouest de l’Antarctique a retenu particulièrement l’attention, parce qu’elle contient assez de glace pour relever le niveau de la mer de six mètres et qu’il semble que les instabilités découlant du fait que cette nappe repose sur un substratum situé au-dessous du niveau de la mer pourraient provoquer un déversement rapide de la glace après désintégration des plates-formes de glace voisines. Toutefois, une forte élévation du niveau de la mer résultant d’un tel déversement est aujourd’hui généralement considérée comme très improbable au XXIe siècle, quoique l’on comprenne encore mal la dynamique du phénomène en cause, surtout pour les projections à long terme.

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