Bilan 2001 des changements climatiques :
Rapport de synthèse
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Tableau 8–2 Exemples d’incidences régionales des changements climatiques sur les ressources en eau, la dégradation des terres et la désertification.

Région Prévisions
Section de référence dans le TRE GTII
Afrique Les changements des précipitations et l’intensification de l’exploitation des terres aggraveraient la désertification. La désertification serait aggravée par la diminution des précipitations annuelles moyennes, du ruissellement et de l’humidité des sols dans des pays du Sahel en Afrique occidentale, et en Afrique du Nord et australe (confiance moyenne). L’augmentation des sécheresses et autres phénomènes extrêmes aggraverait les contraintes en matière de ressources en eau, sécurité alimentaire et santé, et serait un obstacle au développement dans la région (confiance élevée). RT 5.1.6, Chapitres 10 RE, Sections 10.2.1 & 10.2.6, & Tableau TID-2
Asie La pénurie d’eau — qui est déjà un facteur contraignant pour les écosystèmes, la production de nourriture et de fibres, les peuplements humains et la santé — pourrait être aggravée par les changements climatiques. Le ruissellement et l’eau disponible pourraient diminuer en Asie aride et semi-aride, mais augmenter en Asie du Nord (confiance moyenne). Une diminution de l’humidité du sol en été aggraverait la dégradation des terres et la désertification des régions arides et semi-arides. RT 5.2.3 & Sections 11.1.1 & 11.2.3
Australie et Nouvelle-Zélande La variabilité interannuelle due au phénomène ENSO entraîne des inondations et des sécheresses importantes en Australie et Nouvelle-Zélande. Ces variations devraient se poursuivre, avec l’augmentation des émissions à effet de serre, et risquent d’avoir des effets hydrologiques extrêmes plus importants. L’eau sera probablement un problème clé (confiance élevée) en raison des tendances à la sécheresse prévues pour la plus grande partie de la région et d’un passage à des phénomènes de type El Niño. La qualité de l’eau serait affectée, et des précipitations plus fortes augmenteraient le ruissellement rapide, l’érosion des terres et les charges sédimentaires. L’eutrophisation pose un problème important pour la qualité de l’eau en Australie. RT 5.3 & Sections 12.1.5.3 & 12.3
Europe Le ruissellement estival, la disponibilité de l’eau et l’humidité des sols diminueront probablement en Europe du Sud, et élargiront le fossé existant entre le Nord et le Sud (confiance élevée). Les risques d’inondations augmenteront dans la majeure partie de l’Europe (confiance moyenne à élevée) ; le risque sera très important pour les zones côtières où les inondations augmenteront l’érosion et provoqueront la disparition des zones humides. La moitié des glaciers alpins et de grandes zones de pergélisol risquent de disparaître d’ici la fin du XXIe siècle (confiance moyenne). RT 5.4.1, Chapitre 13 RE, & Section 13.2.1
Amérique latine Certaines études, fondées sur des expériences de simulations, indiquent qu’en cas de changements climatiques, le cycle hydrologique deviendrait plus intense, et s’accompagnerait de changements de la distribution des précipitations extrêmes, des épisodes pluvieux et des périodes de temps sec. Des sécheresses graves et fréquentes au Mexique pendant les dix dernières années coïncident avec certains résultats de ces modèles. El Niño est lié aux conditions de sécheresse dans la partie nord-est du Brésil, en Amazonie du Nord, et dans l’Altiplano péruvien-bolivien. Le Sud du Brésil et le Nord- Ouest du Pérou connaissent des conditions pluvieuses anormales pendant cette période. La disparition et la régression des glaciers auront des incidences néfastes sur le ruissellement et l’alimentation en eau dans les régions où la fonte des neiges est une ressources en eau importante (confiance élevée). RT 5.5.1, Chapter 14 RE, & Section 14.2.4
Amérique du Nord Dans les bassins hydrographiques dominés par la fonte des neiges dans l’ouest de l’Amérique du Nord, les débits maximum de printemps seront plus précoces (confiance élevée) et les débits estivaux diminueront (confiance moyenne) ; des réponses d’adaptation pourront compenser une partie, mais non pas la totalité, de ces effets sur les ressources en eau et les écosystèmes aquatiques (confiance moyenne). RT 5.6.2, Section 15.2.1, & Table TID-2
Petites îles Les îles à ressources en eau très limitées sont extrêmement vulnérables aux effets des changements climatiques sur le bilan hydrique (confiance élevée). RT 5.8.4, Section 17.2.6, & Table TID-2

 
 

Eau douce et changements climatiques

 
8.19

Les trois types de problèmes concernant l’eau douce — à savoir pénurie, excès et pollution — peuvent être aggravés par les changements climatiques. L’eau douce est indispensable à la santé, à la production alimentaire et à l’assainissement, ainsi qu’à la fabrication et autres usages industriels, et à la préservation des écosystèmes. Il existe plusieurs indicateurs de stress hydrique. Lorsque les retraits sont supérieurs de 20 % aux ressources totales renouvelables, le stress hydrique est souvent un facteur limitant le développement. Des retraits de 40 % ou plus représentent un stress élevé. De même, le stress hydrique peut être un problème si un pays ou une région dispose de moins de 1 700 m3 an-1 d’eau par habitant. En 1990, environ un tiers de la population mondiale vivait dans des pays utilisant plus de 20 % de leurs ressources hydriques, et d’ici 2025 environ 60 % d’un total plus élevé vivront dans un pays soumis à ce type de stress hydrique, uniquement en raison de la croissance démographique. Ce stress serait renforcé par l’élévation des températures. Cependant, l’adaptation, par le biais d’une gestion hydrique appropriée, peut réduire les effets néfastes. Bien que les changements climatiques ne représentent qu’une des contraintes exercées sur les ressources hydriques dans un monde toujours plus peuplé, il est clair qu’il s’agit d’une contrainte importante (voir Tableau 8–2). Les projections du TRE basées sur les scénarios du RSSE indiquent une tendance à l’augmentation des risques d’inondations et de sécheresses pour de nombreuses régions, pour la plupart des scénarios. La diminution des ressources hydriques dans certaines régions d’un monde plus chaud est prévue, par exemple, en Afrique australe et dans les pays méditerranéens. Suite à l’élévation du niveau de la mer, dans de nombreux systèmes côtiers, l’eau de mer pénétrera dans les nappes phréatiques, et les eaux de marées pénétreront dans les estuaires et les rivières, ce qui aura des effets négatifs sur les ressources d’eau douce.

GTII TRE Sections 4.1, 4.4.3, 4.5.2, & 4.6.2
8.20

Dans certains pays, les gestionnaires de l’eau commencent à tenir compte explicitement des changements climatiques, bien que les méthodologies dans ce domaine ne soient pas encore bien définies. De par sa nature, la gestion de l’eau est axée sur la minimisation des risques et l’adaptation aux circonstances changeantes, et, désormais, aux changements climatiques. On observe une évolution progressive, passant de politiques « axées sur l’offre » (fourniture d’eau pour satisfaire à la demande grâce à des réservoirs plus grands ou à des défenses structurelles contre les inondations) à des politiques « axées sur la demande » (ajustement approprié de la demande en fonction de la disponibilité des ressources hydriques, utilisation plus rentable de l’eau, et moyens non structurels en prévision des inondations et des sécheresses).

GTII TRE Section 4.2.4


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